jueves, 6 de octubre de 2016

Comentario sobre L’échange (La tensión del umbral) - Blog Coquecigrues et ima-nu-ages




L’échange


Roman d’Eugenia Almeida (traduit de l’espagnol argentin  par François Gaudry – le traducteur de qqs Sépulveda, Arriaga etc…) paru dans les Editions Métaillié – toujours bon dans leur choix dans la littérature hispanique.


Difficile de résumer le roman (249 pages aérées) – choisi pour sa 1ère de couv’ intrigante et sobrement belle et l’extrait d’une critique « Vertige narratif admirable et poésie à hautes doses. » – tant il vit de sa construction, de la tension crée par les chapitres courts, le changement de perspectives, de personnages qui apparaissent, parlent, disparaissent (souvent pour toujours, devenus muets parce que 6 feets under), les phrases courtes, très courtes mêmes, les staccatos de mots aussi….ainsi que des silences, des non-dits tapis derrière les ellipses, et les blancs…

Une jeune femme, Julia Montenegro, va menacer à la sortie d’un bar un homme, en plein jour, devant une multitude de témoins, et va – sorpresa –  finalement se suicider (d’une  balle dans sa poitrine).

Le journaliste Guyot (les autres protagonistes sont également désignés par leur patronymes seulement (et auront, comme on le verra au cours du roman, parfois deux de patronymes…) , au passé douloureux , sera envoyé pour un reportage (qui ne sera jamais publié)… mais qui déclenchera une quête obsessionnelle.


(il passera bcp de temps dans une hémérothèque)

Ce que Guyot va remuer la vase autour de cette femme « Guyot accumule des mots, ces gribouillis inutiles qui noircissent les pages immenses que les gens lisent en prenant un café. Tranquillité de savoir qu’on est celui qui lit et qu’on ne fait pas partie de ceux dont il est question dans ce qu’on lit.  » (p.36). et réveiller les fantômes du passé, qui, dans l’Argentine d’aujourd’hui continuent de régner et imprégner toute la société de leurs relents de la Dictature.

Toile de fond – qui ne surgira que vers les dernières pages mais aura imprégné  l’ensemble du roman : la junte militaire au pouvoir (1973 – 1983) avait mis en place un réseau d’adoption d’enfants d’opposants. Ainsi il y avait même une maternité spéciale dans l’Ecole de mécanique de la Marine qui accueillait les femmes (opposantes ou d’opposants) enceintes. Après leur accouchement, les mères étaient exécutées et leurs enfants (des milliers !!!) confiés à des familles stériles de militaires ou de proches du régime. (voir aussi l’article sur le poète Juan Gelman mort en 2004


ou tout sur les grandes-mères de la place de mai.

Mais ce fait n’est qu’un élément dans ce puzzle labyrinthique que constitue le roman et l’investigation du Guyot. …. pour freiner, faire capoter la quête de Guyot, qui recevra un temps un peu d’aide et soutien par une ancienne psychiatre Ostots, et qui verra disparaître des collègues et amis qui de proche ou de loin, directement ou indirectement participent à ses recherches, il y aura un homme dans l’ombre (qui ne se révélera sur les dernières pages seulement)  et qui n’hésite pas à faire taire les hommes, en tuant leurs fils – ou leur chien – si celui-ci est un ersatz filial…. dans la ligne de ce qui se pratiquait dans ces années sombres.

« Il essaie de découvrir quels noms cachent les initiales de chaque dossier. Impossible. Illusoire. Travailler avec ce qu’il a. Des dates. Chercher la plus récente. Mars 2008. 20 mars 2008. Un jeudi. Il a dû se passer quelque chose ce jour-là. (p. 125)

« Il sort en silence. Elle n’arrive même pas à se lever. pour le raccompagner. Elle restera assise dans ce coin de la pièce jusqu’à une heure avancée de la nuit, jusqu’à ce qu’elle puisse assumer qu’elle vient d’entrer en enfer. » (dernière phrase )

Un roman ou on perd les repères parfois mais qui se révèle être comme le chignon hitchcockien de Vertigo… en effet, vertigineux et métaphysique et une nouvelle perle parmi les livres de Métailié.


Publié le 18 septembre 2016 par lorenztradfin




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